Qu’est-ce que la dyspareunie et comment expliquez-vous que le terme soit si peu connu, si peu aussi utilisé dans le discours public ?
Magalie Benoît : La définition est finalement très simple, il s’agit de douleurs lors de la pénétration. Ses causes peuvent être nombreuses : le vaginisme, les maladies dermatologiques vulvaires, les fibromes utérins, les kystes ovariens, la sécheresse vaginale due à certains traitements ou à la ménopause. L’endométriose, que j’ai moi-même vécue, est aussi une cause fréquente. Elle n’a pas été accompagnée de dyspareunie, j’ai eu cette chance, mais cela a aiguisé ma sensibilité auprès des patientes concernées. Elles m’apprennent à les aider.
Quant à la rareté du mot, j’y vois l’effet d’une banalisation. Très tôt, on apprend aux jeunes femmes que « la première fois » est douloureuse, sanglante, horrible, que c’est un passage obligé, presque un rituel. C’est une manière négative de présenter le rapport sexuel et je crois qu’il marque durablement les esprits féminins. Comme si la pénétration était associée à une violence d’où découlent naturellement toutes sortes de souffrances et d’inhibitions.
Observez-vous une évolution dans la parole des patientes ?
Magalie Benoît : Aucune, et c’est bien là le drame. Il y a un véritable tabou qui repose en fait sur un paradoxe. D’une part, cette hypersexualisation, très médiatisée. D’autre part, une réalité qui prospère sur les terrains culturels, religieux et même médicaux. Affichage d’un côté, silence de l’autre.
Vous considérez que le monde médical participe à ce tabou ?
Magalie Benoît : Parfaitement. Dans un sens, c’est compréhensible. On n’a pas envie de dire à la personne qui va nous poser un spéculum que l’on n’a pas d’orgasme… Malheureusement, cette barrière entre le sexuel et le médical est très contreproductive.
Plus généralement, vous observerez qu’il existe des protocoles pour la douleur ou pour l’infertilité, mais on ne trouve quasiment rien qui touche directement au confort sexuel.
Il s’agissait donc de combler un manque…
Magalie Benoît : Pire, il s’agit de combler un manque… qui n’était même pas exprimé. Habituellement, on ne questionne pas la douleur sexuelle. C’est quelque chose dont j’ai pris conscience au sein de staffs médicaux. Chaque soignant appréhende le patient à travers son propre prisme. Lorsque j’interviens, je verbalise ce que mes collègues n’ont pas entendu. Vous savez, la spécialisation a aussi ses défauts, ses angles morts… Dans un premier temps, mon apport semble incongru. Ensuite, il devient nécessaire. C’est ici que naît ma pratique, dans cette conviction que l’approche gynécologique doit absolument questionner aussi la sexualité.
Loin de vous en tenir à la théorie, vous avez aussi une approche de clinicienne chercheuse...
Magalie Benoît : Permettez-moi un petit historique. J’ai moi-même été diagnostiquée de l’endométriose en 2008. Depuis, trois grandes ères thérapeutiques se sont déployées. Initialement, on ouvrait le ventre, on ôtait les lésions, on cherchait à soulager sans considérer les conséquences chirurgicales. Résultat : des effets secondaires surpassant les effets attendus.
Ensuite, nous avons connu une phase médicamenteuse, avec des antidouleurs puissants, dans le genre du Tramadol. Fort heureusement, les alertes de l’ARS [ndlr : Agence Régionale de Santé] se sont multipliées et nous en sommes revenus.
Aujourd’hui, le corps médical promeut les soins de support : l’ostéopathie, la kiné, la diététique, le sport, etc. Internet y a fait pour beaucoup, car les femmes sont informées des risques encourus et sont en demande d’alternatives à la fois douces et efficaces.
Qu’est-ce qu’Endodoute ?
La suite logique ! Inspirée et alimentée par des groupes de paroles, j’ai récolté un maximum d’informations sur les solutions face à la dyspareunie. D’abord, j’en ai fait une thèse universitaire. Ensuite, un test aux résultats extrêmement convaincants sur trente patientes, que j’ai converti en guide grâce au groupe de parole de l’Estrée. Il permet, par exemple, d’adapter les positions sexuelles ou de suppléer aux sécheresses intimes. Enfin, après avoir remporté un appel à projets innovants, j’ai pu lancer mon étude dans de plus importantes proportions.
C’est ainsi que naît Endodoute : un protocole de recherche et une application de suivi et d’accompagnement des douleurs physiques relevant de l’endométriose. C’est très concret. Vous cliquez sur la zone où vous avez mal, vous prenez conscience des moments critiques, vous bénéficiez d’un tracker. Vous pouvez aussi accéder à une communauté, à des conseils de professionnels et à une boutique où figurent, en bonne place, les produits Biocalma.
Justement, comment avez-vous connu Biocalma ?
Magalie Benoît : Les groupes de paroles faisaient régulièrement remonter les effets bénéfiques du CBD sur le bien-être intime. À cette occasion, j’ai découvert Biocalma. La marque affiche une sobriété et une chaleur qui me semblaient intéressante. Avant même d’en rencontrer les fondateurs, j’ai été sensible à cette exigence de sérénité qu’ils mettent au cœur de leur approche. Comme eux, je m’efforce de dédramatiser sans banaliser.
Deux hommes !
Magalie Benoît : Oui [rire] ! Et c’est assez rare pour être relevé !
Comment Biocalma s’inscrit-elle dans la démarche thérapeutique de votre étude ?
Magalie Benoît : J’ai découvert qu’ils proposaient un gel intime au CBD, ce que ne font pas les autres labos. Il faut savoir que les traitements médicaux de l’endométriose créent beaucoup de sécheresse vaginale. Cela entraîne une anticipation douloureuse qui déclenche de la contraction. Le gel CBD lubrifie et détend. C’était ce qu’il fallait. Comme je vous le disais, les patientes sont aujourd’hui très réfractaires à tout ce qui est médicamenteux. À présent, nous en connaissons bien les effets secondaires, tels que des cancers gynécologiques ou du sein.
Il en va de même pour le gel Biocalma à base d’eau. Ni produit chimique, ni parfum : c’est un produit qui répond parfaitement aux besoins des patientes.
Le CBD favorise donc le retour au plaisir intime ?
Magalie Benoît : C’est cela. Ils m’ont aussi proposé de tester une huile de CBD sublinguale qui a des effets sur les douleurs neuropathiques. Incontestablement, dans le cadre des douleurs liées à l’endométriose, la détente et la relaxation aident à la fois du point de vue physique et mental.